Identifier les complexes pour les faire disparaître
Mes seins sont trop petits, mon nez est trop rond, mes hanches sont trop larges, mes cheveux… !! Mais d’où viennent nous complexes ?!
Les racines sont dans l’enfance
Et si tout commençait dans la cour de récré ? A l’âge où la construction de notre identité et de notre estime est rapidement bafouée par les moqueries de nos camarades ? Pour les psychologues, les complexes obsessionnels trouvent racine dans l’enfance et s’intériorisent à cette période clé. Mais pas seulement. Car au-delà du jugement de nos pairs, c’est le regard de la mère qui a son importance. « Si elle ne considère pas sa fille comme la plus belle, cette dernière ressent un manque affectif qui la poursuit bien souvent à l’âge adulte » précise Michel Lenormand, sociologue spécialiste des représentations et des mises en jeu du corps humain. Car il s’agit bien de représentation esthétique. Soigner son apparence et coller aux critères de beauté contemporains font très tôt écho dans l’esprit des petites filles.
A l’adolescence, les changements du corps sont ensuite vécus comme un bouleversement. Notre corps d’enfant qui grandissait harmonieusement se transforme en quelque chose qui nous échappe. Tout va si vite (les seins poussent, les hanches se dessinent, la voix change, la pilosité se développe…) qu’il n’est pas rare de penser que notre corps ne reflète pas ce que nous sommes. De quoi amorcer un malaise dans lequel les complexes trouvent leur origine.
Une idée normée de la beauté
Être grande, élancée, faire un 90B, autant de critères de beauté véhiculés par notre époque. Mais si hier des hanches étroites faisaient fuir les hommes en quête de volupté, demain à quoi ressemblera la femme « idéale » ? Car comme le souligne le sociologue Michel Lenormand, « les normes en matière de beauté sont variables d’une société à une autre, et même d’une époque à une autre. La beauté doit s’écrire avec une minuscule et demande à être relativisée. Ce qui complexe une femme peut devenir à la mode quelques années plus tard ».
Les médias, la presse féminine et la publicité sont d’ailleurs les vecteurs de ces physiques retouchés. « Impossible de se comparer à des corps aussi formatés, parfois artificiels, sans se trouver bourrés de défauts… d’où nos complexes », poursuit Michel Lenormand. Mais une fois que l’on sait que notre singularité fait notre force, pourquoi cherchons-nous inlassablement à rentrer dans ce moule factice ? Pour la sociologue Marie-Christine Vindedieu, cette obsession fait écho à notre désir d’appartenir à une entité : « les individus veulent manifester leur appartenance à un groupe. Aussi, ils obéissent aux normes et codes reconnus par ce groupe. Nous sommes obsédés et effrayés à l’idée d’être rejetés de ce groupe ou stigmatisés ».
En perpétuelle comparaison avec ce que devrait être un corps « normal », nous nous trouvons inévitablement des défauts physiques qui nous complexent. Mais nous voyons-nous véritablement comme nous sommes ?
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Miroir, mon faux miroir ?
Quand un complexe est trop investi, sur vous faites un « blocage » sur une partie de votre corps, cette obsession va peu à peu quitter le monde réel pour s’infiltrer dans la sphère imaginaire. Tout se passera alors dans votre tête. La perception que vous avez de vous-même est, de fait, faussée. A la manière d’un miroir déformant.
Sans compter que « l’on érige un modèle de beauté avec lequel on se sent inéluctablement en désaccord » précise Marie-Christine Vindedieu. Tenter de « gommer » ce complexe ne changera rien. Il faut pousser son cerveau à l’accepter pour le transformer en force singulière, en particularité, en charme.
Si aujourd’hui l’uniformisation tend à s’effacer au profit d’une mise en avant de la singularité et de « l’imperfection » assumée, le chemin reste encore long. L’effort doit alors venir de nous. « Il faut apprendre à prendre de la hauteur par rapport aux normes et aux idéaux que l’on prend pour modèles. Les signes d’identité et de singularité sont ô combien plus beaux », conclut Michel Lenormand.